Le mental au golf - Pour progresser, éviter le « double effet kisscool »
Publié le 6 juillet 2020
Un phénomène inconscient et pénalisant se passe dans la tête de nombreux golfeurs amateurs qui cherchent à améliorer leur grand jeu. On l'oublie trop souvent, c'est le cerveau – à la fois le conscient et l'inconscient – qui pilote notre swing. S'il a intégré des croyances erronées, il est alors bien difficile d'agir avec efficacité. Prenons donc l'exemple d'une croyance inexacte qui nous joue de vilains tours. Commençons par mener l'enquête pour la dépister.
Pour jouer avec régularité sur un parcours, il est indispensable d'installer dans le cerveau un climat de tranquillité mentale. Celle-ci s'appuie sur de la tranquillité technique, en particulier au niveau du grand jeu. Cette tranquillité technique recouvre deux choses : d'une part, savoir ce que l'on a à faire pour que ça marche ; et d'autre part, savoir que si on se donne la peine de mettre en place ces éléments lors de l'échauffement et sur le parcours (routines), on va réaliser de bons coups.
Pour cela, il est donc nécessaire d'avoir trouvé ce qui nous va bien (par exemple un swing en rotation), ainsi que les points-clés permettant de reproduire ce qui nous va bien (par exemple une position fléchie, un grip neutre, une montée ample, etc.). Or, on va le voir, cette démarche cohérente est régulièrement mise à mal, voire gâchée, alors que nous touchons presque au Graal de tout golfeur : arriver à taper des grands coups consistants avec régularité.
Après quinze ans de golf, Julien est toujours insatisfait de sa manière de taper les bois. Fort du tempérament persévérant, pour ne pas dire obstiné, de tout golfeur qui se respecte, il a donc décidé une fois de plus de faire évoluer les choses, de « remettre le couvert ». Glissée par son pro ou issue de ses propres recherches, il a identifié une piste qui lui va bien. À partir de là, il a bien travaillé au practice dans la semaine et lors de l'échauffement. Il est en confiance pour démarrer sa partie et tape de bons coups, voire de très bons coups. Il a alors la sensation très agréable qu'il tient des repères qui vont le faire progresser sur la durée.
Or, quelques trous plus tard, les bons coups se transforment en coups moyens, puis médiocres, voire complètement ratés, ce qui l'amène assez rapidement à faire le constat que cette nouvelle piste, comme beaucoup d'autres avant, n'est hélas pas fiable, et qu'il va lui falloir trouver autre chose. D'ailleurs, durant la suite de la partie, il teste d'autres choses – de l'ancien, du nouveau – sans grande réussite. Bref, pourquoi cet étrange enchaînement que l'on a du mal à s'expliquer ? Que s'est-il donc passé pour que ce qui semblait à la fois facile et performant se dérègle aussi rapidement ? Pourquoi cet investissement prometteur nous glisse-t-il entre les doigts ?
Une des fausses croyances que nous développons lorsque nous commençons le golf, est que pour envoyer la balle loin, il est indispensable de mettre beaucoup d'intensité (de la force, de la vitesse). Or, lorsque nous travaillons dans le bon sens et que nous réalisons de bons coups, c'est généralement parce que nous réussissons à imprimer le rythme qui nous correspond. Ce bon rythme produit de la stabilité posturale, de bons contacts de balle, un mouvement cohérent et complet. Résultat des courses, donc, de bons coups bien dirigés, avec de bonnes distances.
Or, et c'est là le « premier effet Kisscool », notre esprit, notre inconscient, assimile coups performants à intensité élevée. Ceci, notre pensée consciente ne le perçoit pas (c'est pour cela que nous nous faisons avoir) et il ne peut donc s'en prémunir. Nous voilà donc partis pour le dérapage progressif qui va tout démolir. On commence à mettre plus de vitesse et bien entendu, tout se dégrade. Avec plus de vitesse, ce mouvement bien huilé, parce que bien travaillé et bien contrôlé, ne va plus donner la même précision sur la balle. Moins bon contact, donc moins bonnes sensations, des effets parasites dans la balle, moins de distance. La confiance chute rapidement.
Cela installe de l'inquiétude qui va produire le « deuxième effet Kisscool ». De fait, en modifiant à tort sa vitesse, le joueur va provoquer par effet domino d’autres imperfections techniques et s’éloigner définitivement de la piste originelle préconisée par son pro.
Il s'agit de prendre conscience que taper de bons coups ne signifie pas avoir mis beaucoup d'intensité : on tape de bons coups quand on se contente d'appliquer les points-clé que l'on a identifiés, tout en swinguant tranquillement, à notre vitesse nominale. Autrement dit, il ne faut pas en rajouter.
Bref, appliquer l'équation : Swing relâché = efficacité
Plutôt que : Efficacité = beaucoup d'intensité
Bien sûr, il y a les exemples qui contredisent cette règle : plus Rory McIlroy accélère dans la balle, et plus il est droit et long. Mais lui, il a commencé à jouer au golf à quatre ans, et il est particulièrement doué...
Practice n°15 - Patrick Grosperrin
Préparateur mental depuis 20 ans, de Nicolas Colsaerts au début de sa carrière, et Raphaël Jacquelin durant cinq saisons. Actuellement de Gary Stal. Contribution à plusieurs titres olympiques et mondiaux.
Pour jouer avec régularité sur un parcours, il est indispensable d'installer dans le cerveau un climat de tranquillité mentale. Celle-ci s'appuie sur de la tranquillité technique, en particulier au niveau du grand jeu. Cette tranquillité technique recouvre deux choses : d'une part, savoir ce que l'on a à faire pour que ça marche ; et d'autre part, savoir que si on se donne la peine de mettre en place ces éléments lors de l'échauffement et sur le parcours (routines), on va réaliser de bons coups.
Pour cela, il est donc nécessaire d'avoir trouvé ce qui nous va bien (par exemple un swing en rotation), ainsi que les points-clés permettant de reproduire ce qui nous va bien (par exemple une position fléchie, un grip neutre, une montée ample, etc.). Or, on va le voir, cette démarche cohérente est régulièrement mise à mal, voire gâchée, alors que nous touchons presque au Graal de tout golfeur : arriver à taper des grands coups consistants avec régularité.
UN EXEMPLE DE SCÉNARIO CLASSIQUE
Après quinze ans de golf, Julien est toujours insatisfait de sa manière de taper les bois. Fort du tempérament persévérant, pour ne pas dire obstiné, de tout golfeur qui se respecte, il a donc décidé une fois de plus de faire évoluer les choses, de « remettre le couvert ». Glissée par son pro ou issue de ses propres recherches, il a identifié une piste qui lui va bien. À partir de là, il a bien travaillé au practice dans la semaine et lors de l'échauffement. Il est en confiance pour démarrer sa partie et tape de bons coups, voire de très bons coups. Il a alors la sensation très agréable qu'il tient des repères qui vont le faire progresser sur la durée.
Or, quelques trous plus tard, les bons coups se transforment en coups moyens, puis médiocres, voire complètement ratés, ce qui l'amène assez rapidement à faire le constat que cette nouvelle piste, comme beaucoup d'autres avant, n'est hélas pas fiable, et qu'il va lui falloir trouver autre chose. D'ailleurs, durant la suite de la partie, il teste d'autres choses – de l'ancien, du nouveau – sans grande réussite. Bref, pourquoi cet étrange enchaînement que l'on a du mal à s'expliquer ? Que s'est-il donc passé pour que ce qui semblait à la fois facile et performant se dérègle aussi rapidement ? Pourquoi cet investissement prometteur nous glisse-t-il entre les doigts ?
EXPLICATIONS
Une des fausses croyances que nous développons lorsque nous commençons le golf, est que pour envoyer la balle loin, il est indispensable de mettre beaucoup d'intensité (de la force, de la vitesse). Or, lorsque nous travaillons dans le bon sens et que nous réalisons de bons coups, c'est généralement parce que nous réussissons à imprimer le rythme qui nous correspond. Ce bon rythme produit de la stabilité posturale, de bons contacts de balle, un mouvement cohérent et complet. Résultat des courses, donc, de bons coups bien dirigés, avec de bonnes distances.
Or, et c'est là le « premier effet Kisscool », notre esprit, notre inconscient, assimile coups performants à intensité élevée. Ceci, notre pensée consciente ne le perçoit pas (c'est pour cela que nous nous faisons avoir) et il ne peut donc s'en prémunir. Nous voilà donc partis pour le dérapage progressif qui va tout démolir. On commence à mettre plus de vitesse et bien entendu, tout se dégrade. Avec plus de vitesse, ce mouvement bien huilé, parce que bien travaillé et bien contrôlé, ne va plus donner la même précision sur la balle. Moins bon contact, donc moins bonnes sensations, des effets parasites dans la balle, moins de distance. La confiance chute rapidement.
Cela installe de l'inquiétude qui va produire le « deuxième effet Kisscool ». De fait, en modifiant à tort sa vitesse, le joueur va provoquer par effet domino d’autres imperfections techniques et s’éloigner définitivement de la piste originelle préconisée par son pro.
SOLUTION
Il s'agit de prendre conscience que taper de bons coups ne signifie pas avoir mis beaucoup d'intensité : on tape de bons coups quand on se contente d'appliquer les points-clé que l'on a identifiés, tout en swinguant tranquillement, à notre vitesse nominale. Autrement dit, il ne faut pas en rajouter.
Bref, appliquer l'équation : Swing relâché = efficacité
Plutôt que : Efficacité = beaucoup d'intensité
Bien sûr, il y a les exemples qui contredisent cette règle : plus Rory McIlroy accélère dans la balle, et plus il est droit et long. Mais lui, il a commencé à jouer au golf à quatre ans, et il est particulièrement doué...
Practice n°15 - Patrick Grosperrin
Préparateur mental depuis 20 ans, de Nicolas Colsaerts au début de sa carrière, et Raphaël Jacquelin durant cinq saisons. Actuellement de Gary Stal. Contribution à plusieurs titres olympiques et mondiaux.